NOTES

 

Le buisson ardent de Moïse, le démon familier de Socrate et la colombe de Mahomet ont déjà été évoqués dans le même sens en I, 2, 1 -voir la note à « dupe d'une métaphore ».

 

Le follet -pour ne pas écrire lutin- de Luther jouant avec sa plume euphémise l'accusation portée couramment contre Luther, et jusque par des auteurs aussi sérieux que Nicolle et Bossuet, d'avoir eu commerce avec le diable. Avec beaucoup plus de modération que Chaudon et Delandine, Moreri la formule ainsi: « En vérité c'est une chose étonnante qu'un Moine apostat, si corrompu par les vices, qui aimoit le vin & les femmes, l'homme de son Siécle le plus impudent, le plus vindicatif, & le plus médisant, qui avoit même commerce avec les Démons, comme il semble s'en vanter, que ce scélérat, dis-je, ait pû établir une secte pour reformer la Religion & les moeurs, & que sa vie seule n'ait pas été la condamnation de sa perverse doctrine. » P. Bayle, à l'article LUTHER de son dictionnaire s'efforce longuement de blanchir Luther par le caractère figuré des passages où ce dernier évoque l'aridité de ses « disputes » avec le diable.

 

Le Dictionnaire de Chaudon et Delandine rend compte ainsi de la phobie pascalienne du précipice: « Cependant Pascal dépérissoit tous les jours; sa santé s'affoiblissoit, et son cerveau se sentit de cette foiblesse. Il croyoit toujours voir un abyme à son côté gauche: il y faisoit mettre une chaise pour se rassurer. Ses amis, son confesseur, son directeur, avoient beau calmer ses alarmes; il se tranquillisoit pour un moment, et l'instant d'après il creusoit de nouveau le précipice. Voici à quelle occasion il eut pour la première fois cette vision singulière. Les médecins, alarmés de l'état d'épuisement où il se trouvoit, lui avoient conseillé de substituer l'exercice agréable de la promenade, aux méditations fatigantes du cabinet. Un jour du mois d'octobre 1654, étant allé se promener, suivant sa coutume, au Pont de Neuilly dans un carrosse à quatre chevaux les deux premiers prirent le mors aux dents vis-à-vis d'un endroit où il n'y avoit pas de parapet, et se précipitèrent dans la Seine. Heureusement la première secousse rompit les traits qui les attachoient au train de derrière, et le carrosse demeura sur le bord du précipice. Mais on se représente aisément la commotion que dut recevoir la machine frêle et languissante de Pascal. Il eut beaucoup de peine à revenir d'un long évanouissement. Son cerveau fut tellement ébranlé, que le souvenir de cet accident le troubloit sans cesse, et sur-tout au milieu de ses insomnies et de ses exténuations. On attribue à la même cause une espèce de vision ou d'extase qu'il eut peu de temps après, et dont il conserva la mémoire le reste de sa vie dans un papier qu'il portoit toujours sur lui entre l'étoffe et la doublure de son habit. »

Le précipice de Pascal était devenu proverbial; Voltaire, à l'article SENS COMMUN du Dictionnaire philosophique, y fait allusion : « [...] sur cet article leur imagination est blessée; comme celle de Pascal qui voyait continuellement un précipice auprès de son fauteuil. »